Nous savons bien que pour certains de nos contemporains, la fin des temps constitue une véritable obsession. La prédiction de l'apocalypse est un « jeu de rôle » auquel l'humanité s’est bien souvent exercée au cours de son histoire. « La fin du monde est derrière nous» : cela pourrait ressembler à un mantra absurde, et il se pourrait que c’en soit un. Ce qui est certain, c’est que les différents acteurs du supposé symposium auquel nous assistons, orchestré par un certain Marcus Régulus, se sont tous ingéniés à trouver une parade destinée à écarter le spectre du « Big rest in peace ».
Chacun est venu présenter le fruit de ses ruminations et de son intense labeur, chacun est persuadé de détenir la clé de l’avenir de l’univers en général et de l’humanité en particulier. Ainsi Stella Berger a-t-elle mis au point une « crépusculette » capable de prédire avec exactitude le jour et l’heure de la disparition de l’univers. Titania Stromboli a créé un « retardateur » de fin du monde, Anton Sirius a peaufiné les mécanismes d’une « horloge inversée » capable de dilater le temps à l’infini, et Dolorès Bételgeuse s’est concentrée sur un improbable et burlesque « reconvertisseur »…
Toutes ces inventions sont testées sous nos yeux incrédules, afin de déterminer lequel de ces brillants esprits a rendu, au travers de son invention, le plus fier service à l’humanité. Car ce qui saute aux yeux du lecteur (et bientôt du spectateur…) c’est que la fin du monde a tous les atours du divertissement, voire de la diversion… Elle est imminente, elle est pour bientôt, tel jour, telle heure, soyez au rendez-vous ! Cette idée fixe offre un point de convergence, un centre des attentions autour duquel peut tourner à toute berzingue le grand Barnum de l’imagination, le grand cirque de l’inventivité des hommes.